Qui suis-je ?

 

1 Le commencement et l’héritage shamanique

Comme pour tout individu, je commence au jour de ma naissance. Mais voilà ! Ce jour-là il y a une présence qui va donner une toute autre signification et dimension en ce jour du 17 novembre : c’est ma grand-

Ma grand-mère, Mami Mbounou, la première femme shaman après une longue lignée d’hommes shamans

mère. Elle est la première femme shaman d’une longue lignée shamanique. Et depuis trop longtemps elle cherche lequel de ses petits-enfants héritera de la transmission. En ce jour de novembre, non seulement elle est là mais elle reconnaît en moi le signe et me désigne comme son héritière. Une transmission qui va impacter tout le reste de ma vie que je le veuille ou non.

Durant mes premières dix années elle me prend sous son aile. Ma grand-mère est une femme de pouvoir, le pouvoir qui émane de la personne sans besoin d’aucun artifice. Dans cette société dominée par les hommes, aucun homme ne s’aventure à se trouver sur son chemin. Elle est écoutée, sa position est reconnue, respectée, estimée. Et moi si souvent avec elle je me sens complètement protégée, sécurisée par cette relation privilégiée avec ma grand-mère shaman. Ensemble nous arpentons la forêt équatoriale à la recherche des « Simples » dont elle connaît tous les pouvoirs, ensemble dans le même lit nous nous couchons, ensemble nous nous douchons. C’est une relation en dehors du temps et de l’espace.

Mais voilà ! J’ai dix ans quand tout change, tout bascule. On me dit que ma grand-mère est décédée. Pendant plusieurs jours je continue à lui parler. On essaye de m’expliquer. Je sais qu’ils se trompent.

Je lui parle et je sais qu’elle m’entend. Quelque temps plus tard, je me retrouve dans le bidonville de « Derrière Tam Tam Week-End » à Yaoundé, Cameroun. De la transmission il y en aura eu que je le veuille ou non !

 

Tous rasés selon la tradition après la mort de Mami Mbounou. J’ai dix ans. Mon enfance est terminée.

 

 

2 Le poids des responsabilités : La charge de la fratrie

Issanaa marquée par la douleur et le poids des responsabilités

J’ai été le premier enfant d’une femme qui à l’époque avait seize ans. Elle en a six autres pendant mes dix premières années. A dix ans, une fois arrivée au bidonville de « Derrière Tam Tam Week-End », c’est à moi dorénavant qu’incombe la charge de les élever et de les nourrir. Une charge qui pèse lourd sur mes épaules, une charge que, première levée, je me dois de relever chaque matin, ce qui n’empêche pas qu’à l’école je sois une élève brillante. C’est à moi de faire les repas pour la fratrie et plus. J’ai un don pour la coiffure. C’est là que je recevrai mes premières pièces, celles qui feront qu’il y ait autre chose à manger que du riz à l’eau, quand il y a au moins du riz. Le repas suivant n’est jamais une certitude. Sur les six de la fratrie, les deux derniers, je les ai élevés depuis leur naissance, comment ne seraient-ils pas un peu mes enfants !

 

 

 

 

 

3 Un fauve d’une quarantaine d’années me tombe dessus !

Issanaa à 13 ans. L’âge où j’ai été dépucelée par viol.

Un après-midi, chaussée de chaussures trop petites qui me font mal aux pieds, je suis en route pour rendre visite à une cousine. À peine partie, une averse, une averse tropicale, commence à me tomber dessus. Je décide de m’abriter. Je me blottis sous le rebord extérieur d’une fenêtre, pas vraiment à l’abri. La fenêtre s’ouvre, un homme dans la quarantaine, un voisin, me propose de rentrer pour y attendre la fin de l’averse. J’ai treize ans, j’accepte et rentre. A peine rentrée je suis poussée dans une pièce. L’homme ferme la porte à clef. Je lui demande pourquoi ? Pour toute réponse, il se jette sur moi et me cloue au sol. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais je sais que c’est grave, que je suis en danger. Je me débats, je mords, je griffe, je donne des coups de poings, des coups de pieds, je résiste, mais bon ! Que peut faire une petite fille de treize ans contre un homme adulte dans la quarantaine, déchaînée !

Je m’épuise alors qu’il s’empare de mon corps. Il me transperce. Je suis perdue, salie, avilie, déchirée, brisée, cassée. Je gis là dans mon sang sur le ciment, sans force, incapable d’envisager le futur, le futur, là, immédiat, dans la minutes qui suit. Des douleurs si profondes, insondables, je ne suis que douleurs. Après des heures, avec l’aide du mur, je finis par me redresser, je suis bancale, marcher me fait mal. Rentrée, personne, aucun adulte, ne s’aperçoit de quoi que ce soit. Aucune tendresse, aucune bienveillance, aucun soin, personne auprès de qui se réfugier, à qui dire ce qui peut être dit. Seule, tellement seule !

J’ai treize ans, il n’y a que violence, ma vie même est en danger, je me jure que je quitterai le bidonville.

 

 

4 Survivre  séparée de son corps

Survivre séparée de son corps vivre coupée d’un corps de plus en plus désirée cause de biens de malentendus j’ai 16 ans.

Après cette perte de virginité par viol à treize ans, au début de l’adolescence, quand on se cherche et se construit avec une sensibilité à fleur de peau, être seule, sans aucun soutien, menacée quotidiennement, sans personne à qui se confier, sans refuge : comment vivre et survivre après une telle violence ? Submergée par la culpabilité, la honte, le dégoût, l’ignominie : quelle relation avec ce corps ? Autant que faire se peut se séparer de lui, le tenir à distance, ne plus lui donner voix au chapitre, le contraindre, l’emprisonner. Mais que je le veuille ou non, c’est dans ce corps que j’existe, que je vis, que je suis vue, un corps beau, de plus en plus sensuel au fil des jours, un corps qui devient source de malentendus : on me prend pour ce que je ne suis pas.

 

 

 

 

 

 

 

5 Comment quitter le bidonville de « Derrière Tam Tam Week-End » en étant seule au monde ?

 

Mon secret : Quelques jours avant le départ pour Abidjan

A treize ans, se jurer de quitter le bidonville de Derrière Tam Tam Week-End : mais oui ! Bien sûr ! On peut toujours rêver ! Et bien justement j’ai rêvé, et ce rêve, en silence, dans ma solitude, je l’ai entretenu pendant des années. Il est comme une jeune plante que je soigne, que j’encourage, que j’arrose quotidiennement dans ma solitude et qui au fil des années devient un arbuste, pour finalement être l’arbre qui a porté sa graine et finalement son fruit. Il faut comprendre le chemin parcouru par la petite fille de treize ans d’un bidonville d’Afrique Equatoriale et qui six ans plus tard, avec uniquement les ressources qu’elle a su seule mettre de côté avant qu’on les lui confisquent, décolle de l’aéroport de Douala pour atterrir quelques heures plus tard à Abidjan avec 100€ en poche attendue par personne et ne connaissant personne.

 

 

6 Ce qui me sauve : Le chant: Cameroun + Côte d’Ivoire

La musique et le chant, que ce soit au Cameroun ou ensuite en Côte d’Ivoire, m’ont littéralement sauvée.

Par contre au Cameroun combien ai-je  dû lutter pour continuer à en faire. Faire de la musique et chanter c’est souvent se coucher tard et dans le milieu où je vivais, une jeune fille qui rentre tard chez elle ne peut être qu’une dévergondée si ce n’est pire. Plus d’une fois c’est ce dont même ma génitrice m’accusait. Mais quand je déposais l’argent gagné sur la table personne ne se gênait pour se servir. Quand on a 15 ans, que l’on est seule sur la scène avec sa guitare et sa voix et que l’on réalise que tout le corps professoral et les élèves de votre lycée, 3000 personnes, se lèvent pour vous applaudir qu’on le veuille ou non on se sent grandie. En fuite, quand on arrive dans un pays etranger, la Côte d’Ivoire, où l’on est attendue par personne et ne connaît personne avec 100€ en poche et que trois jours plus tard on passe une audition dans un des cabarets les plus connus de toute l’Afrique de l’Ouest devant une vingtaine de musiciens et que l’on est recrutée comme chanteuse on sait qu’encore une fois la musique nous a sauvée.

 

 

7 La Guerre Civile : Obligée de fuir la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire ! Mon pays de cœur ! Aller en Europe ! Combien de jeunes filles africaines en rêvaient et combien de fois n’en ai-je pas eu la possibilité ! Mais non ! La Côte d’Ivoire je m’y trouvais si bien ! Et pourtant deux ans après y être arrivée après une nouvelle fuite suite à la guerre civile c’est bien là où j’ai atterri.

 

 

8 Arrivée en Europe : Vivre dans un autre continent

Encore une fois, m’adapter j’ai dû. Un autre continent, une autre culture, d’autres codes : j’ai appris, compris, intégré et y ai fait ma place ! Une formation comme agent de voyage, un emploi à ACCOR-Voyage avant même d’avoir terminé la formation. Mais bon ! Etait-ce ma voie ? Une autre formation dans la beauté et la coiffure. Je fonde une famille et en 2011 m’installe à mon compte.

9 La rencontre avec le Conseil en Image-consulting

En 2013 je reçois une invitation pour une formation en Conseil en Image. Je ne connais pas, mais le peu qu’on m’en dit m’intéresse : je suis la formation. Et c’est bien ça : j’ai trouvé ma voie. Le conseil, la beauté, l’élégance, le savoir être : je me sens à ma place. La suite : le besoin de se perfectionner, d’être au top : c’est tout moi.

10 Un petit tour au Canada

Été 2017 avec les enfants nous nous envolons pour un mois au Canada où une de mes sœurs et ses enfants se sont installés. Mon premier contact avec le monde Anglo-Saxon : l’espace, l’ouverture, le dynamisme, la diversité me conquièrent. Je comprends qu’il va falloir que je rajoute la culture Anglo-Saxonne à celles que j’aie déjà, que j’apprenne la langue de Shakespeare.

11 En 2019 une opportunité se présente

Au printemps 2019 une opportunité se présente. Je l’ai saisie. La conséquence : être installée à Londres dans le mois qui suivait.

Déménager : Un garçon de quinze ans, une fille de dix ans, l’un comme l’autre ne connaissant pas mieux l’Anglais que moi c’est à dire rien, une maison en propriété, une entreprise, une clientèle. Je quittais beaucoup, un mode de vie, des liens, des habitudes, pour un avenir qui était un pari et un défi. Aujourd’hui, comme les enfants, je sais que j’ai fait le bon choix. Mais il fallait quand même le faire !

12 Changer de Nom : L’Importance d’Issanaa

Choisir un nouveau nom c’est puiser des forces nouvelles, inscrire sa marque dans le paysage professionnel et personnel. Le nom Issanaa a un effet profond sur mon énergie existentielle, son acception m’a ouverte à la pleine connexion avec le niveau énergétique transmis par ma grand-mère shaman. Issanaa me dit que je suis la coach de lumière capable de vous booster même quand vous êtes au plus bas. Issanaa, la spécialiste qui peut faire que l’énergie de votre image exprime la meilleure version de vous-même.