Savoir choisir sa famille

S’il y a un point commun dans les différentes définitions de la famille que j’ai consultées c’est bien, je cite , celle de « créer entre ses membres une obligation morale de solidarité matérielle censée les protéger et favoriser leur épanouissement social, physique et affectif ».

Bien que certaines d’entre vous m’aient déjà entendue parler de quelques épisodes de mon enfance-adolescence j’aimerais revenir un peu dessus.

 

Tous rasés selon la tradition après la mort de Mami Mbounou. J’ai dix ans. Mon enfance est terminée.

J’ai été l’aînée d’une fratrie de sept. Quand ma génitrice m’a mise au monde, elle avait 16 ans. J’ai dix ans lorsque ma grand-mère shaman décède. M’ayant reconnue comme son héritière, jusqu’à mes dix ans j’ai passé le plus clair de mon temps à ses côtés protégée et initiée. Lorsqu’elle meurt tout bascule pour moi : je me retrouve dans le bidonville de « Derrière Tam-Tam Week-End » à Yaoundé, obligée de m’occuper seule de la fraterie, de les nourrir et très vite de gagner un peu d’argent de-ci de-là pour qu’il y ait autre chose que du riz blanc à l’eau dans la gamelle.

 

 

 

 

A l’époque mon géniteur avec violence fait tout pour me faire échouer dans ma scolarité, notamment en m’empêchant de faire mes devoirs et de réviser pour les contrôles. Ce qui ne m’empêche pas d’être une élève brillante appréciée par tous mes enseignants.

 

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Lorsque je perds ma virginité par viol à treize ans, ma génitrice ne se rend compte de rien alors que je suis complètement perdue, dominée par une douleur sans nom. Une mère qui ne s’aperçoit pas que son enfant a été meurtri à tel point ! Comment est-ce concevable !

J’aime la musique et le chant, ma génitrice fait tout pour m’empêcher de pratiquer.Très vite c’est un don et une occupation qui me permettent de gagner de l’argent. Rentrant quelques fois tard dans la nuit, elle va jusqu’à m’accuser d’être une traînée si ce n’est pire. Mais quand je dépose l’argent sur la table ça ne l’empêche pas de se servir.

Qui est-elle ? Qui suis-je pour elle ? Qui est-il ? Qui suis-je pour lui ? Ce ne sont pas encore des questions que je me pose. Pour moi, enfant et adolescente, elle est ma « mère ». Pour moi, enfant et adolescente, il est mon « père ». Comme les six autres enfants de la fratrie sont mes sœurs et frères. Les uns comme les autres ont mon amour.

La psychologie nous a appris que lorsque un parent critique souvent son enfant ce n’est pas pour autant que l’enfant cesse de l’aimer mais au contraire que c’est lui qui s’aime de moins en moins. Il se rend coupable des reproches qu’on lui fait et estime qu’il n’est pas à la hauteur. Chaque critique d’un de ses parents, ou encore pire des deux, ne fait que l’enfoncer davantage alors qu’il continue à aimer ceux-là même qui le détruisent. Pour moi, ces relations malsaines, perverses et destructrices ont perduré pendant des années.

 

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Lorsqu’à vingt ans je m’envole pour la Côte d’Ivoire sans aucune aide ni aucun soutien de la part de ceux que je considère encore comme ma famille, je m’empresse de leur envoyer la plus grosse partie de mes salaires. Même chose trois ans plus tard lorsque je fuis la guerre civile ivoirienne et arrive en Europe. Une fois mariée j’irai même jusqu’à leur envoyer la totalité de mon salaire d’agent de voyage, ayant fait le choix de vivre sur le seul salaire de mon conjoint.

Mais cela ne leur suffit pas. Pour eux, maintenant que je suis en France, je dois faire davantage, leur envoyer plus d’argent. En France, tout le monde le sait, il suffit de se baisser pour ramasser les billets. Je suis forcément devenue riche et il faut que je m’occupe de tout un village. Je vais jusqu’à m’endetter. Ma santé commence à se détériorer. Je réalise que quoi que je leur donne, ils estimeront toujours que je n’en fais pas assez.

Mais voilà ! il y a une limite à tout ! Quand j’ai mon premier enfant et que je me rends compte que ce que je donne à cette « famille » se fait au détriment du bien-être de mon propre enfant, mon instinct de mère prend le dessus. J’entreprends alors, avec énormément de difficultés, de réduire les montants des sommes que je leur envoie mensuellement.

Leur réponse ne se fait pas attendre et les premières représailles tombent. Des textes dégradants, insultants, nauséabonds sur ma page Facebook lorsque je crée mon activité indépendante. Une fois bloqués sur Facebook, ce sont des courriels dans ma boite mail. Des textes du type : « Tu vas voir ce qu’il va t’arriver. Tu as eu des enfants, tu vas voir ce que l’on va faire de tes enfants, ce qu’il va arriver à tes enfants. Tu penses que parce que tu es en Europe et que tu es devenue riche tu peux nous ignorer et ne penser qu’à toi ? Tu déshonores ta famille, tu seras maudite sur terre. Tu verras que tout l’argent que tu as ne suffira pas à payer tous les médecins du monde que tu consulteras pour essayer de te guérir. Nous avons des moyens dignes des services secrets pour te tordre le cou si tu ne nous envoies pas davantage d’argent ».

 

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« Ma famille » Mais qui était-elle cette famille ? Je me posais la question. Je ressentais que j’avais en face de moi des étrangers. J’avais eu des soupçons mais là, je ne pouvais plus éviter de regarder les choses en face. Je n’ai pas cessé de leur envoyer de l’argent pour autant mais en continuant à diminuer les montants expédiés. D’ailleurs comment aurais-je pu faire autrement ? J’avais des dettes qu’il fallait rembourser, ma santé se dégradait de plus en plus et mes deux enfants en bas âges. Je passais plusieurs jours par mois couchée ou en consultation d’un service à l’autre des hôpitaux sans jamais qu’un diagnostic définitif soit posé. J’étais dans l’impossibilité de m’occuper de l’activité indépendante que j’avais créée, j’arrivais tout juste à m’occuper de mes enfants et à rembourser mes dettes.

Cette famille que j’avais ne correspondait en rien à cette partie commune de toutes les définitions sur la famille que j’avais trouvées, à savoir celle de : « créer entre ses membres une obligation morale de solidarité matérielle censée les protéger et favoriser leur épanouissement social, physique et affectif ».

Au contraire, cette famille que je tenais pour mienne était en train de me mener à ma perte. Je n’avais pas le choix si ce n’est par respect pour mes enfants. Si j’avais un lien avec ces individus qui se disaient être ma famille c’était un lien de sang point barre ! Je n’avais ni père ni mère, j’avais un géniteur et une génitrice, rien d’autre !

 

Mais voilà ! Plus vite dit que fait ! Il y avait du chemin à parcourir. Non, celle-là, ce n’était pas ma mère, c’était ma génitrice, rien d’autre, alors qu’elle avait encore mon amour. Cet homme-là, non ce n’est pas mon père, c’est mon géniteur. Et aujourd’hui ils sont là et ils me mènent à ma perte et ils sont décidés à me mener à ma perte si je ne leur donne pas toujours plus. Si je ne fais pas ce qu’ils veulent que je fasse ils sont prêts à me tuer. C’est aussi clair que ça. Il me faut les confronter, il n’y a pas d’alternative.

Ce fut et c’est une guerre, rien d’autre. Il a fallu apprendre à faire la guerre ! Je me suis renseignée !

Le chapitre premier de « L’Art de la Guerre », ouvrage chinois de référence s’il en est un, du V° siècle avant l’ère chrétienne, mais toujours étudié aujourd’hui dans le monde dans toute Académie Militaire qui se respecte, commence par ces mots :

« La guerre est une affaire d’importance vitale pour l’État … » et dans le cas qui nous occupe l’Etat c’est moi.

 

 

Dans le chapitre trois de ce même ouvrage on peut lire :

« Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux. Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales. Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites…. La connaissance de l’adversaire est le facteur-clef de toute victoire militaire.

Connaissais-je mon ennemi ? Dans un sens oui, je le connaissais intimement. Dans la petite maison du bidonville de « Derrière Tam-Tam Week-End » on vivait les uns sur les autres, c’est le cas de le dire. Plus intime tu meurs !Mais d’un autre côté il y avait tout ce vécu avec une mère et un père, il y avait tous ces sentiments, tous ces affects, qui occupaient encore la place, au moins en partie. Imaginez ! Les deux derniers de la fratrie, ils furent dans mes bras, dans mon dos, dès leur naissance. Quelque part n’étaient-ils pas aussi mes enfants ?

Il y en a eu une, il n’y a pas si longtemps, qui est venue jusqu’à devant ma porte en France pour me maudire ! Voilà jusqu’où peut aller la guerre ! Ce n’est pas une affaire facile. C’est un long cheminement, rien que déjà pour voir et comprendre les implications d’une telle guerre pour comprendre qu’il n’y a ni père ni mère. C’est peut-être même pire qu’une guerre civile. Après la Côte d’Ivoire c’était ma deuxième guerre. Une longue guerre qui n’est pas encore complètement gagnée, qui m’oblige à rester vigilante. Mais aujourd’hui, pour moi, il n’y a plus ni malentendu, ni équivoque. La situation est claire, pas forcément facile, loin de là, mais ce n’est plus qu’une question de stratégie.

Par contre aujourd’hui j’ai une famille, une « famille amicale » comme la désigne Mathieu Lindon dans Ce qu’Aimer Veut Dire. Une famille de mon choix qui a à cœur de « créer entre ses membres une obligation morale de solidarité matérielle censée les protéger et favoriser leur épanouissement social, physique et affectif ». Pour la première fois depuis la mort de ma Grand-mère je me sens entourée par des individus qui me veulent du bien et à qui je veux du bien. C’est ça ma famille.

 

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Toujours est-il que ce long apprentissage m’a fait connaître et comprendre pleinement ce qu’est l’Énergie d’Échange, à quel point il est primordial de la respecter, aussi bien pour celui qui donne que pour celui qui reçoit, elle fait partie des fondations d’une vie équilibrée.

A ce stade je trouve qu’il est opportun de revenir à l’étymologie du mot « famille ». « Famille vient du latin famulus qui signifie serviteur, esclave et familia est l’ensemble des esclaves qui appartiennent à un même homme ». Voilà une définition qui correspond bien davantage à ce qu’a été ma famille de sang plutôt que la précédente citée à trois reprises ci-dessus et qui définit précisément ceux qui appartiennent à ce que j’appelle, suite à Lindon, ma « famille amicale ».

Alors mesdames et messieurs, car malheureusement ce n’est pas propre aux dames, s’il y en a une ou un parmi vous ou peut-être plusieurs qui, quelque part, se sentent esclaves de cette famille de sang, je vous en prie, faites face et refusez. Au besoin je suis là pour vous coacher, je sais que ça fait la différence, ce n’est pas moi qui le dit, ce sont ceux que j’ai coachés !

 

1 thought on “Savoir choisir sa famille

  1. Paz watzla says:

    Une histoire puissante qui ne peut qu’aider à nous prendre en main. Merci pour ce partage et RESPECT !

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