Vivienne Westwood : Les Années Punk

Vivienne Westwood : Les Années Punk

C’est ma fille, il y a quelques jours, qui me dit « Mais maman, je suis vraiment étonnée qu’en tant que coach en énergie de l’image, tu n’aies pas fait une actualité sur la disparition de Dame Vivienne Westwood. C’est quand même une des grandes stylistes et dames de l’image ».

Elle avait tout à fait raison. Je me suis donc mise au travail et je vous livre un premier épisode, et pas des mondres, de la vie de Dame Vivienne Westwood. Enjoy comme on dit ici.

Pour bien comprendre son parcours il faut savoir que Vivienne Swire est née en 1941 pendant la deuxième guerre mondiale dans un village du nord-ouest de l’Angleterre, Tintwistle dans le Cheshire. Et, quand j’écris village, c’est bien d’un village dont il s’agit, un village qui depuis la deuxième guerre mondiale n’a jamais dépassé les 1400 habitants. Tintwistle est situé dans une vallée à la frontière de deux mondes. A son époque Tintwistle est habité par quelques agriculteurs et des ouvriers. A l’ouest, à une quinzaine de kilomètres c’est Manchester, Manchester qui fut un temps, au milieu du XIX° siècle, la plus grande ville industrielle du monde. La famille Swire fait partie de la classe ouvrière et habite une de ces rues aux maisons individuelles petites et toutes similaires. Leurs voisins sont des ouvriers. C’est le milieu que Vivienne connaît et fréquente, un milieu qui encourage son côté revendicatif et rebelle.

Vue sur Tintwistle dans la Longdendale Valley

Par contre à l’est, tout de suite à la sortie du village, ce sont des étendues peu habitées, montagneuses parsemées de petites vallées glaciaires avec falaises, torrents, lacs et landes à bruyère. C’est là que Vivienne s’échappe, se réfugie, se connecte à la nature, marche et rêve, un environnement qui l’aide à développer sa sensibilité et son côté artistique naturel. C’est là, dans ce village de Tintwistle que Vivienne passe son enfance et une partie de son adolescence. Son éducation et sa culture seront marquées par ces deux environnements. D’un côté le monde ouvrier à travers son père qui travaille en usine, de l’autre la nature où elle peut s’échapper à pied en quelques minutes.

A la sortie est de Tintwistle

 

L’après-guerre touche profondément ce premier centre industriel mondial composé de Manchester, Birmingham et Sheffield. Ce sont des années de dépression, des usines ferment, des emplois disparaissent et Tintwistle est touché de plein fouet. En 1958 la famille décide de quitter Tintwistle et émigre à Harrow, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Londres. Vivienne a 17 ans et arrive dans un autre univers, un univers qu’elle sent plein de potentialités et qui lui ouvre les champs du possible. Elle sent qu’elle va pouvoir pleinement cultiver et exprimer sa créativité et sa dimension artistique. Enthousiaste, elle s’inscrit à la Harrow Art School en bijouterie d’art. Mais voilà, ses origines populaires et la culture qui s’y rattachent et en découlent la rattrapent et elle est autant marginalisée qu’elle se marginalise. Le choc est brutal, elle décroche au bout du premier trimestre sentant comme elle le dira « qu’elle ne voyait pas comment une fille de la classe populaire pouvait gagner sa vie dans le milieu de l’art ». Elle travaille alors en usine tout en prenant des cours pour devenir maîtresse d’école. Elle devient institutrice ce qui ne l’empêche pas de créer des bijoux qu’elle vend sur le marché de Portobello, un peu l’équivalent du Marché aux Puces de la porte de Saint Ouen à Paris. En 1961, à vingt ans, lors d’un bal, elle rencontre Derek Westwood, un ouvrier très bon danseur comme elle le dira . Elle est amoureuse et Vivienne et Derek se marient en 1962.

Occasion pour Vivienne d’exprimer sa créativité et son sens du beau : elle conçoit et fabrique sa propre robe de mariée. En 1963, à vingt-deux ans, elle accouche d’un fils, Benjamin Westwood.

Vivienne enfant

En 1965, elle rencontre Malcolm McLaren. A ce point de la biographie de Vivienne, il est opportun de s’intéresser au personnage de Malcolm McLaren. Vivienne et Malcolm formeront un couple se complétera parfaitement au niveau artistique permettant la pleine expression de leur créativité réciproque.

Malcolm a eu tout ce que Vivienne n’a pas eu. Il vient d’une famille des plus « posh » comme disent les Anglais, de la riche bourgeoisie, tout particulièrement du côté de sa mère, Emily Isaacs, famille diamantaire d’origine sepharad. Son père, Peter McLaren, ingénieur de l’Armée Royale, quitte le domicile conjugal prétextant les infidilétés répétées de sa femme. Malcolm a deux ans. Il est confié à sa grand-mère maternelle qui a pour devise : “To be bad is good because to be good is simply boring“(Être méchant est bien parce que être bon est tout simplement ennuyeux) une attitude qui reflète bien une tradition typiquement anglaise qui laisse à l’excentricité de certains privilégiés pouvoir s’exprimer. Une attitude qui marquera la scolarité de Malcolm qui débute par une éducation à la maison avec des tuteurs privés, puis plusieurs écoles privées lui ouvrant un large éventail d’expériences : il débute par une école orthodoxe juive uniquement pour garçons, puis une école oecuménique chrétienne fondée en 1680. C’est finalement une « grammar school », institution publique mais qui, par son mode de sélection et de recrutement, favorise les enfants de la bourgeoisie. Il est brillant et termine sa scolarité à 16 ans.

Il commence un parcours universitaire dans le domaine de l’art, s’inscrit et suit des cours dans plusieurs universités londoniennes, certains de ses professeurs sont des artistes connus. L’année de la remise de son diplôme, il organise un festival « d’art libre », une extravagance qui fera date. C’est un rebelle dans l’âme avec un esprit contestataire, un esprit contestataire qui ne s’arrête pas au domaine de l’art. Il a des sympathies pour l’Internationale situationniste, il manifeste devant l’ambassade des Etats-Unis contre la guerre au Vietnam en brûlant le drapeau des États-Unis, est arrêté. En mai 1968, il prend la direction de la France pour rejoindre l’insurrection. Il est, à la frontière, à nouveau arrêté et reconduit.

Vivienne Westwood et Malcolm McLaren (Google image)

En 1965, Vivienne rencontre donc Malcolm McLaren. Elle a vingt-quatre ans, Malcolm dix-neuf. Elle divorce, épouse Malcolm. C’est la naissance d’un couple où l’un va apporter à l’autre la partie du monde social qui lui manque pour construire son unité et pleinement exprimer sa vocation créatrice. A travers Malcolm, Vivienne va saisir les codes de la bourgeoisie et comprendre

« comment une fille de la classe populaire peut gagner sa vie dans le milieu de l’art ».Quant à Malcolm, à travers Vivienne et ses origines populaires, il va pouvoir être autre chose que le rebelle facile d’un fils de la bourgeoisie qui a bénéficié de tous les privilèges et avantages de sa classe.

Malcolm et Vivienne commencent par louer un magasin situé au 430 King’s Road, une rue déjà assossiée aux vêtements et à la mode, notamment à travers Mary Quant, de dix ans l’ainée de Vivienne, également issue des classes populaires et toujours de ce monde*. Malcolm y vend sa collection de vyniles de rock des années 1950 ainsi que des meubles vintage recustomisés combinant radio et tourne disques tandis que Vivienne incorpore les idées provocatives de Malcolm dans des vêtements d’occasion qu’elle recoud ou même refait de neuf dans l’arrière-boutique, le tout dans le styles des années 1950. Le magasin s’appelle « Let it Rock ». La boutique devient le lieu de rendez-vous des « Teddy Boys », la première expression d’après-guerre en Grande-Bretagne de jeunes des classes populaires se différenciant de leurs aînés par, entre autres, leur tenue vestimentaire.

La Boutique de Malcolm et Vivienne au 430 King’s Road (Google image)

Leurs modèles sont les héros des films US du début des années 1950 notamment l’emblématique Johnny Strabler de l’Equipée Sauvage interprété par Marlon Brando. Le film retrace l’histoire de deux bandes de motards qui envahissent une petite ville californienne paisible et bien pensante et y mettent la pagaille. Marlon Brando devient l’icône du rebelle. A sa sortie le film fait scandale, il est censuré et interdit dans plusieurs états des Etats-Unis et plusieurs pays d’Europe. La tenue de Marlon Brando : t-shirt, blue jean, bottes, blouson de cuir devient le signe de ralliement d’une jeunesse populaire qui interpelle, bouscule, se moque de la tranquillité bien pensante de la société des années 1950.

D’abord le jean. Il faut savoir que lorsque le film sort en 1953, aux Etats-Unis le jean est le vêtement de travail des ouvriers et rien d’autre, de ceux qui travaillent dur manuellement et qui connaissent leur place dans la société. Le jean est encore inconnu en Europe. Dans les années 1950, porter un jean pour un jeune des classes populaires américaines c’était se rebeller, rompre les conventions sociales, s’inscrire en porte à faux. A tel point que les parents refusent d’en acheter et qu’on se fait renvoyer du lycée si on en porte. Un esprit qui va fortement influencer la culture rock. Dans les années soixantes avec leur boutique Let It Rock c’est exactement dans cette lignée que s’inscrivent Malcolm et Vivienne. Leur boutique devient le centre de ralliement des jeunes contestataires des classes populaires qui veulent faire « rocker » le bateau de la société tranquille et bien pensante, c’est l’époque où la boutique est fréquentée principalement par les Teddy Boys. En 1971, Malcolm et Vivienne deviennent propriétaires de la boutique. *(Référence : notre actualité sur Mary Quant)

Les créations de Vivienne et Malcolm apparaissent dans des productions théatrales et cinématographiques comme The Rocky Horror Show et That’ll Be The Day.

En 1973, Malcolm et Vivienne vont à New York pour participer à la « National Boutique Fair ». C’est lors de cette foire qu’un dénommé Sylvain Sylvain, qui y tient également un stand, apprécie le style de leur ligne de vêtements Let it Rock. A la fin de la foire, il est de coutume que les exposants vendent leur collection. Sylvain Sylvain fait venir deux de ses amis, David Johanson et Johnny Thunders, et tous les trois achètent une bonne partie de leur collection. En fait Sylvain Sylvain est le guitariste et pianiste d’un groupe new yorkais les New York Dolls et ses copains sont les autres membres de l’orchestre. Le courant passe immédiatement entre eux et Vivienne et Malcolm, les New York Dolls les invitent à venir les écouter au Mercer Arts Center. Vivienne et Malcolm sont conquis par le groupe.

Les New York Dolls, le Velvet Underground, deux groupes new yorkais, et les Stooges du Michigan avec Iggy Pop, font historiquement partie des premiers orchestres punk – rock, un courant musical qui ressentait que la scène rock and roll s’était dévoyée, avait perdu son âme, s’était laissée apprivoisée. Pouvoir considérer Simon et Garfunkel comme du rock and roll ainsi que l’idéalisme hippie bon enfant californien comme en faisant partie montrait bien que cette musique ne rockait plus rien. Etre rock and roll c’était être rebelle, sauvage, aller au plus simple, au plus court, au plus fort, au plus direct. Plus que les prouesses techniques, plus que la virtuosité musicale, la simplicité. S’auto-organiser à travers des réseaux de petites salles, garder sa liberté d’expression. Ne pas jouer dans les mégas salles et autres mégas festivals, s’auto-produire et passer par des labels indépendants, c’est ça le punk – rock.

Les New York Dolls habillés par Vivienne (Google image)

Malcolm et Vivienne voient à travers les New York Dolls le lien qui les apparente esthétiquement et politiquement au Punk – rock à tel point que Vivienne devient la costumière des New York Dolls et

les habille tout de rouge. Leur collaboration va même plus loin, Malcolm devient le promoteur – manager de l’orchestre. C’est avec Malcolm qu’ils produisent leurs deux albums New York Dolls en 1973 et Too Much Too Soon en 1974, deux albums qui deviennent les disques cultes les plus populaires de la scène rock. C’est également avec Malcolm que les New York Dolls font une tournée en Grande-Bretagne et en France avant que le groupe ne se sépare .

Fortement inspirés par la scène new yorkaise, Malcolm et Vivienne font évoluer l’esthétique de la boutique du 430 King’s Road, London. D’avoir passé ce temps à New York leur donne une longueur d’avance sur la scène londonienne, pour ce qui est du punk – rock en tout cas. Du coup le nom de leur boutique devient « Too Fast To Live Too Young To Die » en plus pur style punk adapté à la Guy Debord ( Trop pressé de vivre trop jeune pour mourir ). C’est le moment où Vivienne et Malcolm inaugurent une gamme de vêtements en cuir avec des clous.

C’est le lieu, s’il y en a un, où se retrouve tout ce que compte le mouvement punk – rock naissant européen. C’est un bouillon de culture où les idées, les tendances, les styles s’échangent, se confrontent, se définissent, s’affermissent. Plusieurs individus qui marqueront cette nouvelle culture travaillent dans la boutique. Vivienne maintient les troupes, ce qui n’est pas une mince affaire avec des personnalités aussi fortes et aussi marquées. Elle a l’avantage de l’âge, elle a passé la trentaine, contrairement au reste de la bande qui n’a souvent pas vingt ans, et de ses origines populaires, les deux font le poids pour que tout ce monde arrive à cohabiter. C’est une véritable tribu !

A New York, Vivienne et Malcolm ont des contacts avec la gente BDSM et voient bien le lien qui existe entre ce milieu et le Punk – rock. Du coup ils intègrent tout l’attirail BDSM dans leur collection et en 1974 encore une fois la boutique change de nom et devient tout simplement SEX.

Jordan posant devant la Boutique du 430 King’s Road (Google image)

La façade de la boutique arbore chacune des trois lettre du mot SEX dans une mousse plastifiée rouge de 150 cm de haut. L’intérieur de la boutique est couvert de graffiti extrait du SCUM Manifesto de Valerie Solanas accrochés sur du grillage à poules, des rideaux noirs en caoutchouc couvrent les murs et de la moquette rouge le sol.

Les créations de Vivienne et Malcolm s’attaquent aux tabous sexuels et sociaux : des t-shirts portant les images de la capuche du violeur de Cambridge, des cow-boys semi-nus, des seins en trompe l’oeil et des textes pornographiques extrait du livre School for Wives de l’auteur beat Alexandre Trocchi. Figurent également des jeans trasnsparents avec poches en plastique, des hauts à fermeture éclair, des chemises blanchies et teintes ornées de patchs en soie à l’effigie de Karl Marx et de slogans anarchistes. La boutique est bien achalandée en vêtements et objets BDSM créés par Vivienne et Malcolm ou achetés à des fournisseurs comme Atomage, She-And-Me et London Leatherman.

Visuel 7 : Jordan en rouge

Du matin à tard dans la nuit il y a un flot continu de personnages, aussi bien de l’avant garde artistique que des classes populaires en rupture de ban, dont de nombreux musiciens. Les collections de Vivienne sont de plus en plus remarquées et appréciées par la frange contestataire aussi bien populaire que bourgeoise. Dans la boutique leurs t-shirts personnalisés, déchirés et arborant des slogans et des graphismes anti-establishment et leurs pantalons de bondage noirs à bretelles inspirés des costumes sadomasochistes partent comme des petits pains. Le magasin devient la mecque de la mode contestataire. Le fait que Ken Russell demande à Vivienne d’être la costumière pour son film Mahler » lui apporte une reconnaissance de styliste et la fait apprécier par un plus large public.

En 1975 un groupe cherche un nouveau chanteur. Malcolm leur présente John Lydon aka Johnny Rotten qui travaille à la boutique. Un Irlandais, une forte personnalité s’il y en une, qui ne mâche pas ses mots, provocateur, au style vestimentaire qui marquera le mouvement punk. Il est auditionné et embauché. Un nouveau groupe est né : Les Sex Pistols.

Jordan et Vivienne (Google image)

Johnny Rotten est un pure produit de la classe ouvrière si ce n’est du lumpen proletariat. Ses parents sont des émigrés irlandais qui sont venus s’installer dans le nord de Londres dans un quartier habité principalement par des ouvriers jamaïcains et irlandais. Un quartier violent où ils logent dans un deux pièces avec toilettes à l’extérieur. John Lydon naît en 1956. Il est l’aîné de quatre garçons. Très vite, c’est lui qui aura la responsabilité de ces trois jeunes frères, sa mère étant gravement malade. Il se décrit comme un enfant timide, introverti qui déteste l’école où il est régulièrement frappé à coups de baguettes à la mode anglaise de l’époque. Il passe ses vacances d’été chez ses grand- parents maternels dans County Cork en Irlande.

Malcolm est le manager des Sex Pistols. Il a une vision précise de la direction qu’il veut imprimer au groupe : il veut en faire l’expression d’un mouvement de jeunes « hard and tough » ( durs et tenaces ), un mouvement qui incarne l’esprit radical soixant-huitard, le situationnisme, l’anti establishment, la provocation et une bonne pointe de Dadaïsme.

Le 6 novembre 1975 les Sex Pistols se produisent au Saint Martin School of Art. Un public restreint mais enthousiaste commence à les suivre. Ils enchaînent avec de nombreux concerts hors circuit, dans des venues locaux. Rotten interpellant régulièrement l’assistance au cours de ces concerts, de temps en temps lâchant : « Bet you don’t hate us as much as we hate you!” (Je parie que vous ne nous détestez pas autant que nous vous détestons ! »). Rotten a une gestuelle, des expressions faciales et une énergie qui lui sont propre. Des concerts qui se terminent souvent en bagarres à la mode anglaise. Une dynamique se crée faisant des Sex Pistols le porte flambeau de ce mouvement contestataire d’une jeunesse qui ne voit pas sa vie se fondre dans le train-train quotidien de leurs aînés. Les années cinquante sont loin.

En 1976, Malcolm obtient que les Sex Pistols soient invités au Today Show de Bill Grundy sur la BBC à une heure de grande écoute. Tout le groupe est là, plus quatre groupies du Bromley Contingent, en tout ils sont huit. Bill Grundy n’est pas trop au fait de ce qu’est le punk – rock et de ce qui l’attend. Suivent des échanges entre Bill Grundy et les Sex Pistols, et d’entrée la communication est déphasée et dégentée. Bill Grundy ne maîtrise plus rien. A un moment un groupy l’interpelle « I always wanted to know you ( J’ai toujours voulu vous rencontrer)». Grundy dépassé lui répond « Après le show ! ». Les Sex Pistols sautent sur l’occasion et le traitent de pervers et de tous les noms. Contrairement aux Sex Pistols, toute la notoriété de Bill Grundy se résumera à cette soirée avec les Sex Pistols. L’Angleterre découvre le punk – rock et n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles, elle est sidérée, offusquée au plus haut point. Mais pour la jeunesse à l’esprit rebelle c’est un coup de maître, les Sex Pïstols deviennent leur groupe.

Johnny Rotten et Sid Vicious (Google image)

Suite à leur invitation au Today Show leur musique est censurée sur les plus grandes chaînes dont la BBC. EMI, puis A&M, leurs maisons de production successives, les lâchent. C’est alors que Richard Branson saute sur l’occasion et Virgin les signe. Leur premier single Anarchy in the UK est un morceau d’anthologie de l’histoire du rock. Quant à God Save the Queen, leur deuxième single, c’est plus qu’un morceau d’anthologie, question intensité, énergie dégagée, rythme, enchaînement verbal, c’est le top.

1977, c’est non seulement le jubilée d’argent de la reine Elizabeth mais c’est également son anniversaire, c’est dire. Pour les Anglais, ça se prépare depuis des mois et des mois si ce ne sont des années, et ça depuis l’Angleterre jusqu’au Canada en passant par l’Australie. Coïncidence ou pas, le single des Sex Pistols God Save the Queen sort le 27 mai 1977, avec des paroles comme : « God save the queen The fascist regime They made you a moron A potential H bomb … ».

Le 7 juin 1977, année du jubilée, mois du jubilée et jour du jubilée, l’idée est de faire jouer les Sex Pistol sur une péniche en face du palais de Westminster, rien que ça ! Richard Branson et Virgin contribuent à la location de la péniche, la bien nommée « Queen Elizabeth ». Une party sur la péniche est organisée pour ce jour. Y sont invités des journalistes, des évrivans, des artistes, des cinéastes, des acteurs, tout ce beau monde accompagné des Sex Pistols. La péniche monte et descend la Tamise pendant plusieurs heures entre Westminster, le Tower Bridge et Charing Cross Pier. Les invités boivent et dansent, les membres du groupe boivent et sont interviewés.

Les Sex Pistols accompagnés par 4 membres du Bromley Contingent au Today Show de Bill Grundy (Google image)

C’est quand le soleil se couche que les Sex Pistols montent sur scène et commencent à jouer Anarchy in the UK devant le parlement. Ils enchaînent avec God Save the Queen, No Feelings et Pretty Vacant, alors que la police alertée encercle l’embarcation. Il fait nuit lorsque la police aborde, coupe la sono et ordonne au capitaine de retourner au Pier. Alors que les passagers sont controlés, ni vus ni connus, les musiciens prennent la tangente. Malcolm confronte la police et les traite de « Fucking Fascists Bastards ». La police réagit, l’arrête, le violente et le place sans ménagement dans un fourgon de police. Vivienne, Richard Branson, sa femme et d’autres sont débarqués et arrêtés. Malcolm a obtenu ce qu’il voulait, il a réussi son coup.

Un procès est intenté pour « Sédition », c’est à dire un soulèvement concerté et préparé contre l’autorité de l’Etat , rien que ça ! Ils risquent l’emprisonnent à vie si ce n’est la peine de mort. Le ridicule ne fait pas peur ! La menace ne tient pas, par contre la boutique change encore une fois de nom et devient Seditionaries. Malgré la complète censure sur la BBC, sur plusieurs autres chaînes et le refus de vendre le single par plusieus chaînes de magasins comme Boots,W.H. Smith et Woolworth, God Save the Queen atteind une seconde place des singles en UK, une seconde place contestée et probablement truquée pour qu’ils n’aient pas la première.

God Save the Queen est reconnu comme le morceau le plus censuré de toute l’histoire de la musique britannique. Pas une mince distinction.

Au moi d’octobre 1977, les Sex Pitols sortent leur premier album Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols, qui devient n° 1 dans les charts. Ca sera leur unique album

En décembre 1977 après quelques concerts aux Pays Bas, Malcolm organise une tournée au titre évocateur : Never Mind the Bans. Et en effet, quatre des huit dates prévues sont annulées dues à des pressions politiques. Par contre le 25 décembre, jour de Noël, les Sex Pistols organisent deux concerts à l’Ivanohe à Huddersfiels. Un en matinée gratuit pour les enfants des pompiers en grève depuis neuf mois et un second concert en soirée payant et tout et tout !

Le 7 juin 1977 jour du Silver Jubilée, les “Bobbies” débarquant et arrêtant les passagers du Queen Mary (Google image)

Imaginez Les Sex Pistols jouant Anarchy in the UK ou God Save the Queen à des enfants. Imaginez, tous les enfants auront des cadeaux provenant des stocks de la boutique de Vivienne et Malcolm et repartiront avec des T-Shirts ventant l’anarchie. Imaginez des enfant de trois, quatre, dix ans, dansant sur la musique live des Sex Pistols. A la fin du concert il y a de la nourriture cuisinée

pour tous les enfants offert par les Sex Pistols : la traditionnelle viande anglaise du réveillon, des légumes, des fruits, un gateau bien british à étages et plein de crème.

Tout au long de l’après midi, les musiciens se mélent aux enfants. On pouvait s’attendre au pire. Eh bien pas du tout. L’ambiance fut étonnante et détonante, les musiciens, Johnny Rotten, Sid Vicious, Steve Jones, John Matlock redécouvrent leur enfance. Quant au concert du soir, aussi étonnant que cela puisse paraître ce sera leur dernier concert en Grande Bretagne. L’orchestre se sépare.

Les Sex Pistols offrant un concert aux enfants des pompiers de Huddersfield (Google image)

C’est la fin de la période punk – rock de Vivienne. Elle collaborera encore jusqu’au début des année 1980 avec Malcolm. Aujourd’hui elle sait comment une fille de la classe populaire peut gagner sa vie dans le milieu de l’art ». Question punk elle a compris comme elle l’a dit « comment créer ces héros de la rue tout en attaquant l’establishment en observant toutes les icônes de la rebellion au fil des ans et en les assemblant de manière originale ». Les compétences en design de Westwood et le talent de McLaren pour la manipulation des médias auront marqué les années 1970. Mais l’histoire continue, comme toujours !

Vivienne et Malcolm en 1977

 

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