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Homage to Tina Turner

Tina Turner nous a quittés. Comme je pense que ça a été le cas pour vous mes lumières, Tina Turner a été une inspiration pour moi et elle l’a été d’autant plus que j’ai été une chanteuse professionnelle. Je ne vais pas vous retracer sa vie, tous les médias l’ont fait et vous n’avez que l’embarras du choix. Par contre, il y a un côté de sa vie qui est peut-être moins connu et qui a certainement été moins médiatisé, c’est celui que j’appellerais « sa pratique existentielle ». J’aimerais, à travers quelques courts extraits de ses paroles lors d’interviews qu’elle a eues avec Oprah Winfrey, une autre femme que j’etime, vous partager ce qui à mes yeux lui confère encore davantage son rôle de femme inspirante.

En 2007, alors que Tina a 68 ans, Oprah lui pose la question sans détour : Qu’est-ce que ça te fait de vieillir ?

« Je dois te dire que je m’en réjouis. Bien sûr il y a des changements mais quand tu es en bonne santé et que tu te portes bien comme c’est mon cas, ça ne me dérange en rien d’avoir 68 ans. Ça ne veut tout simplement rien dire ! On ne peut pas s’accrocher à l’âge ou à la beauté, car on est alors toujours à la poursuite de quelque chose que tu ne récupéreras jamais ».

L’année suivante, alors que Tina a 69 ans et qu’elle vient de mettre fin à sa carrière, Oprah lui dit que ça a dû vraiment être un moment difficile.

Tina lui répond : « Mais non ! Ce fut facile. J’ai travaillé dur toute ma vie. C’était plus que juste chanter, c’était plus que simplement du rock’n roll. J’avais envie de me retirer et de ne plus me soucier. C’est alors que j’ai eu une révélation : « Voilà c’est terminé ! Maintenant je rentre à la maison. Et je revenais vraiment à la maison, plus que juste une maison. J’allais là où j’avais toujours voulu aller pour la dernière étape de ma vie. »

Quatre ans plus tard Oprah lui dit « Mais tu n’as pas de regret ? »

Tina : « Mais alors pas du tout. Je l’ai fait et je le dis et le dis fièrement « J’ai 73 ans ! ». Je suis à un stade de ma vie où, même quand ce sera le moment de partir et d’aller sur une autre planète, je serais présente et curieuse, je veux voir de quoi il s’agit. Je ne dis pas que j’ai envie de mourir mais le jour où ça viendra il n’y aura pas de regret. Il n’y aura pas de regret parce que j’aurais fait ce pour quoi j’étais venue sur cette terre. Maintenant la vie est juste un plaisir. J’ai des amis qui comptent. J’ai un mari qui m’aime et que j’aime. Je suis heureuse et ce bonheur est en moi et il est en moi parce que je ne désire rien. »

Ce qui n’empêche pas Oprah de revenir à la charge : « Et pourtant, de se détacher d’un passé glorieux est ce qu’il y a de plus difficile pour une légende vivante comme toi !»

Du tac au tac Tina lui dit : « C’est tout simplement pas vrai pour moi ! ».

Du coup Oprah lui demande : « Mais comment fait-on pour être là où tu es ? C’est ce que nous essayons tous de faire mais de là à y arriver c’est autre chose ? »

La réponse de Tina : «  Avant tout, c’est un voyage. Pour commencer tu nais et tu commences ton voyage et après tu quittes le voyage. Mais comment tu gères ton voyage, c’est ça qui est super important. Je suis restée centrée, je suis restée concentrée, je suis restée sur la voie. J’avais un vœu. Mon vœu était d’arriver là où je suis aujourd’hui. Tout au long du voyage j’ai enduré des difficultés. Tout au long du voyage j’ai gardé le cap et j’ai gardé le cap parce qu’en moi il y avait quelque chose qui toujours me disait que je pouvais faire mieux et je voulais mieux faire. Mon héritage c’est une personne qui toujours s’est efforcée de mieux faire et a fait mieux. Je ne céderai pas à l’âge et j’encourage mon entourage à ne pas céder non plus. Les femmes devraient être fières de qui elles sont à n’importe quelle étape de leur vie. L’état d’esprit est important. Le rire est important. L’amour est important ».

Pour moi Issanaa, voilà des paroles qui ne peuvent être que la conséquence d’une vie accomplie. Accomplie dans le sens que c’est une vie qui s’est engagée sur une voie suite à une vision, une vision en accord et en amour avec la vie et une vie qui a constamment donné vie et honoré cette vision. On n’arrive pas à 73 ans en pouvant dire « Je suis à un stade de ma vie où, même quand ce sera le moment de partir et d’aller sur une autre planète, je serais présente et curieuse, je veux voir de quoi il s’agit », sans avoir maintenu le cap et fait vivre cette vision tout au long de ces soixante treize ans.

Avoir une vision en accord avec l’amour et la vie et garder le cap, voilà en quoi Tina Turner m’inspire et souhaite qu’elle vous inspire.

Vivienne Westwood : Les Années Punk

Vivienne Westwood : Les Années Punk

C’est ma fille, il y a quelques jours, qui me dit « Mais maman, je suis vraiment étonnée qu’en tant que coach en énergie de l’image, tu n’aies pas fait une actualité sur la disparition de Dame Vivienne Westwood. C’est quand même une des grandes stylistes et dames de l’image ».

Elle avait tout à fait raison. Je me suis donc mise au travail et je vous livre un premier épisode, et pas des mondres, de la vie de Dame Vivienne Westwood. Enjoy comme on dit ici.

Pour bien comprendre son parcours il faut savoir que Vivienne Swire est née en 1941 pendant la deuxième guerre mondiale dans un village du nord-ouest de l’Angleterre, Tintwistle dans le Cheshire. Et, quand j’écris village, c’est bien d’un village dont il s’agit, un village qui depuis la deuxième guerre mondiale n’a jamais dépassé les 1400 habitants. Tintwistle est situé dans une vallée à la frontière de deux mondes. A son époque Tintwistle est habité par quelques agriculteurs et des ouvriers. A l’ouest, à une quinzaine de kilomètres c’est Manchester, Manchester qui fut un temps, au milieu du XIX° siècle, la plus grande ville industrielle du monde. La famille Swire fait partie de la classe ouvrière et habite une de ces rues aux maisons individuelles petites et toutes similaires. Leurs voisins sont des ouvriers. C’est le milieu que Vivienne connaît et fréquente, un milieu qui encourage son côté revendicatif et rebelle.

Vue sur Tintwistle dans la Longdendale Valley

Par contre à l’est, tout de suite à la sortie du village, ce sont des étendues peu habitées, montagneuses parsemées de petites vallées glaciaires avec falaises, torrents, lacs et landes à bruyère. C’est là que Vivienne s’échappe, se réfugie, se connecte à la nature, marche et rêve, un environnement qui l’aide à développer sa sensibilité et son côté artistique naturel. C’est là, dans ce village de Tintwistle que Vivienne passe son enfance et une partie de son adolescence. Son éducation et sa culture seront marquées par ces deux environnements. D’un côté le monde ouvrier à travers son père qui travaille en usine, de l’autre la nature où elle peut s’échapper à pied en quelques minutes.

A la sortie est de Tintwistle

 

L’après-guerre touche profondément ce premier centre industriel mondial composé de Manchester, Birmingham et Sheffield. Ce sont des années de dépression, des usines ferment, des emplois disparaissent et Tintwistle est touché de plein fouet. En 1958 la famille décide de quitter Tintwistle et émigre à Harrow, à une quinzaine de kilomètres au nord-ouest de Londres. Vivienne a 17 ans et arrive dans un autre univers, un univers qu’elle sent plein de potentialités et qui lui ouvre les champs du possible. Elle sent qu’elle va pouvoir pleinement cultiver et exprimer sa créativité et sa dimension artistique. Enthousiaste, elle s’inscrit à la Harrow Art School en bijouterie d’art. Mais voilà, ses origines populaires et la culture qui s’y rattachent et en découlent la rattrapent et elle est autant marginalisée qu’elle se marginalise. Le choc est brutal, elle décroche au bout du premier trimestre sentant comme elle le dira « qu’elle ne voyait pas comment une fille de la classe populaire pouvait gagner sa vie dans le milieu de l’art ». Elle travaille alors en usine tout en prenant des cours pour devenir maîtresse d’école. Elle devient institutrice ce qui ne l’empêche pas de créer des bijoux qu’elle vend sur le marché de Portobello, un peu l’équivalent du Marché aux Puces de la porte de Saint Ouen à Paris. En 1961, à vingt ans, lors d’un bal, elle rencontre Derek Westwood, un ouvrier très bon danseur comme elle le dira . Elle est amoureuse et Vivienne et Derek se marient en 1962.

Occasion pour Vivienne d’exprimer sa créativité et son sens du beau : elle conçoit et fabrique sa propre robe de mariée. En 1963, à vingt-deux ans, elle accouche d’un fils, Benjamin Westwood.

Vivienne enfant

En 1965, elle rencontre Malcolm McLaren. A ce point de la biographie de Vivienne, il est opportun de s’intéresser au personnage de Malcolm McLaren. Vivienne et Malcolm formeront un couple se complétera parfaitement au niveau artistique permettant la pleine expression de leur créativité réciproque.

Malcolm a eu tout ce que Vivienne n’a pas eu. Il vient d’une famille des plus « posh » comme disent les Anglais, de la riche bourgeoisie, tout particulièrement du côté de sa mère, Emily Isaacs, famille diamantaire d’origine sepharad. Son père, Peter McLaren, ingénieur de l’Armée Royale, quitte le domicile conjugal prétextant les infidilétés répétées de sa femme. Malcolm a deux ans. Il est confié à sa grand-mère maternelle qui a pour devise : “To be bad is good because to be good is simply boring“(Être méchant est bien parce que être bon est tout simplement ennuyeux) une attitude qui reflète bien une tradition typiquement anglaise qui laisse à l’excentricité de certains privilégiés pouvoir s’exprimer. Une attitude qui marquera la scolarité de Malcolm qui débute par une éducation à la maison avec des tuteurs privés, puis plusieurs écoles privées lui ouvrant un large éventail d’expériences : il débute par une école orthodoxe juive uniquement pour garçons, puis une école oecuménique chrétienne fondée en 1680. C’est finalement une « grammar school », institution publique mais qui, par son mode de sélection et de recrutement, favorise les enfants de la bourgeoisie. Il est brillant et termine sa scolarité à 16 ans.

Il commence un parcours universitaire dans le domaine de l’art, s’inscrit et suit des cours dans plusieurs universités londoniennes, certains de ses professeurs sont des artistes connus. L’année de la remise de son diplôme, il organise un festival « d’art libre », une extravagance qui fera date. C’est un rebelle dans l’âme avec un esprit contestataire, un esprit contestataire qui ne s’arrête pas au domaine de l’art. Il a des sympathies pour l’Internationale situationniste, il manifeste devant l’ambassade des Etats-Unis contre la guerre au Vietnam en brûlant le drapeau des États-Unis, est arrêté. En mai 1968, il prend la direction de la France pour rejoindre l’insurrection. Il est, à la frontière, à nouveau arrêté et reconduit.

Vivienne Westwood et Malcolm McLaren (Google image)

En 1965, Vivienne rencontre donc Malcolm McLaren. Elle a vingt-quatre ans, Malcolm dix-neuf. Elle divorce, épouse Malcolm. C’est la naissance d’un couple où l’un va apporter à l’autre la partie du monde social qui lui manque pour construire son unité et pleinement exprimer sa vocation créatrice. A travers Malcolm, Vivienne va saisir les codes de la bourgeoisie et comprendre

« comment une fille de la classe populaire peut gagner sa vie dans le milieu de l’art ».Quant à Malcolm, à travers Vivienne et ses origines populaires, il va pouvoir être autre chose que le rebelle facile d’un fils de la bourgeoisie qui a bénéficié de tous les privilèges et avantages de sa classe.

Malcolm et Vivienne commencent par louer un magasin situé au 430 King’s Road, une rue déjà assossiée aux vêtements et à la mode, notamment à travers Mary Quant, de dix ans l’ainée de Vivienne, également issue des classes populaires et toujours de ce monde*. Malcolm y vend sa collection de vyniles de rock des années 1950 ainsi que des meubles vintage recustomisés combinant radio et tourne disques tandis que Vivienne incorpore les idées provocatives de Malcolm dans des vêtements d’occasion qu’elle recoud ou même refait de neuf dans l’arrière-boutique, le tout dans le styles des années 1950. Le magasin s’appelle « Let it Rock ». La boutique devient le lieu de rendez-vous des « Teddy Boys », la première expression d’après-guerre en Grande-Bretagne de jeunes des classes populaires se différenciant de leurs aînés par, entre autres, leur tenue vestimentaire.

La Boutique de Malcolm et Vivienne au 430 King’s Road (Google image)

Leurs modèles sont les héros des films US du début des années 1950 notamment l’emblématique Johnny Strabler de l’Equipée Sauvage interprété par Marlon Brando. Le film retrace l’histoire de deux bandes de motards qui envahissent une petite ville californienne paisible et bien pensante et y mettent la pagaille. Marlon Brando devient l’icône du rebelle. A sa sortie le film fait scandale, il est censuré et interdit dans plusieurs états des Etats-Unis et plusieurs pays d’Europe. La tenue de Marlon Brando : t-shirt, blue jean, bottes, blouson de cuir devient le signe de ralliement d’une jeunesse populaire qui interpelle, bouscule, se moque de la tranquillité bien pensante de la société des années 1950.

D’abord le jean. Il faut savoir que lorsque le film sort en 1953, aux Etats-Unis le jean est le vêtement de travail des ouvriers et rien d’autre, de ceux qui travaillent dur manuellement et qui connaissent leur place dans la société. Le jean est encore inconnu en Europe. Dans les années 1950, porter un jean pour un jeune des classes populaires américaines c’était se rebeller, rompre les conventions sociales, s’inscrire en porte à faux. A tel point que les parents refusent d’en acheter et qu’on se fait renvoyer du lycée si on en porte. Un esprit qui va fortement influencer la culture rock. Dans les années soixantes avec leur boutique Let It Rock c’est exactement dans cette lignée que s’inscrivent Malcolm et Vivienne. Leur boutique devient le centre de ralliement des jeunes contestataires des classes populaires qui veulent faire « rocker » le bateau de la société tranquille et bien pensante, c’est l’époque où la boutique est fréquentée principalement par les Teddy Boys. En 1971, Malcolm et Vivienne deviennent propriétaires de la boutique. *(Référence : notre actualité sur Mary Quant)

Les créations de Vivienne et Malcolm apparaissent dans des productions théatrales et cinématographiques comme The Rocky Horror Show et That’ll Be The Day.

En 1973, Malcolm et Vivienne vont à New York pour participer à la « National Boutique Fair ». C’est lors de cette foire qu’un dénommé Sylvain Sylvain, qui y tient également un stand, apprécie le style de leur ligne de vêtements Let it Rock. A la fin de la foire, il est de coutume que les exposants vendent leur collection. Sylvain Sylvain fait venir deux de ses amis, David Johanson et Johnny Thunders, et tous les trois achètent une bonne partie de leur collection. En fait Sylvain Sylvain est le guitariste et pianiste d’un groupe new yorkais les New York Dolls et ses copains sont les autres membres de l’orchestre. Le courant passe immédiatement entre eux et Vivienne et Malcolm, les New York Dolls les invitent à venir les écouter au Mercer Arts Center. Vivienne et Malcolm sont conquis par le groupe.

Les New York Dolls, le Velvet Underground, deux groupes new yorkais, et les Stooges du Michigan avec Iggy Pop, font historiquement partie des premiers orchestres punk – rock, un courant musical qui ressentait que la scène rock and roll s’était dévoyée, avait perdu son âme, s’était laissée apprivoisée. Pouvoir considérer Simon et Garfunkel comme du rock and roll ainsi que l’idéalisme hippie bon enfant californien comme en faisant partie montrait bien que cette musique ne rockait plus rien. Etre rock and roll c’était être rebelle, sauvage, aller au plus simple, au plus court, au plus fort, au plus direct. Plus que les prouesses techniques, plus que la virtuosité musicale, la simplicité. S’auto-organiser à travers des réseaux de petites salles, garder sa liberté d’expression. Ne pas jouer dans les mégas salles et autres mégas festivals, s’auto-produire et passer par des labels indépendants, c’est ça le punk – rock.

Les New York Dolls habillés par Vivienne (Google image)

Malcolm et Vivienne voient à travers les New York Dolls le lien qui les apparente esthétiquement et politiquement au Punk – rock à tel point que Vivienne devient la costumière des New York Dolls et

les habille tout de rouge. Leur collaboration va même plus loin, Malcolm devient le promoteur – manager de l’orchestre. C’est avec Malcolm qu’ils produisent leurs deux albums New York Dolls en 1973 et Too Much Too Soon en 1974, deux albums qui deviennent les disques cultes les plus populaires de la scène rock. C’est également avec Malcolm que les New York Dolls font une tournée en Grande-Bretagne et en France avant que le groupe ne se sépare .

Fortement inspirés par la scène new yorkaise, Malcolm et Vivienne font évoluer l’esthétique de la boutique du 430 King’s Road, London. D’avoir passé ce temps à New York leur donne une longueur d’avance sur la scène londonienne, pour ce qui est du punk – rock en tout cas. Du coup le nom de leur boutique devient « Too Fast To Live Too Young To Die » en plus pur style punk adapté à la Guy Debord ( Trop pressé de vivre trop jeune pour mourir ). C’est le moment où Vivienne et Malcolm inaugurent une gamme de vêtements en cuir avec des clous.

C’est le lieu, s’il y en a un, où se retrouve tout ce que compte le mouvement punk – rock naissant européen. C’est un bouillon de culture où les idées, les tendances, les styles s’échangent, se confrontent, se définissent, s’affermissent. Plusieurs individus qui marqueront cette nouvelle culture travaillent dans la boutique. Vivienne maintient les troupes, ce qui n’est pas une mince affaire avec des personnalités aussi fortes et aussi marquées. Elle a l’avantage de l’âge, elle a passé la trentaine, contrairement au reste de la bande qui n’a souvent pas vingt ans, et de ses origines populaires, les deux font le poids pour que tout ce monde arrive à cohabiter. C’est une véritable tribu !

A New York, Vivienne et Malcolm ont des contacts avec la gente BDSM et voient bien le lien qui existe entre ce milieu et le Punk – rock. Du coup ils intègrent tout l’attirail BDSM dans leur collection et en 1974 encore une fois la boutique change de nom et devient tout simplement SEX.

Jordan posant devant la Boutique du 430 King’s Road (Google image)

La façade de la boutique arbore chacune des trois lettre du mot SEX dans une mousse plastifiée rouge de 150 cm de haut. L’intérieur de la boutique est couvert de graffiti extrait du SCUM Manifesto de Valerie Solanas accrochés sur du grillage à poules, des rideaux noirs en caoutchouc couvrent les murs et de la moquette rouge le sol.

Les créations de Vivienne et Malcolm s’attaquent aux tabous sexuels et sociaux : des t-shirts portant les images de la capuche du violeur de Cambridge, des cow-boys semi-nus, des seins en trompe l’oeil et des textes pornographiques extrait du livre School for Wives de l’auteur beat Alexandre Trocchi. Figurent également des jeans trasnsparents avec poches en plastique, des hauts à fermeture éclair, des chemises blanchies et teintes ornées de patchs en soie à l’effigie de Karl Marx et de slogans anarchistes. La boutique est bien achalandée en vêtements et objets BDSM créés par Vivienne et Malcolm ou achetés à des fournisseurs comme Atomage, She-And-Me et London Leatherman.

Visuel 7 : Jordan en rouge

Du matin à tard dans la nuit il y a un flot continu de personnages, aussi bien de l’avant garde artistique que des classes populaires en rupture de ban, dont de nombreux musiciens. Les collections de Vivienne sont de plus en plus remarquées et appréciées par la frange contestataire aussi bien populaire que bourgeoise. Dans la boutique leurs t-shirts personnalisés, déchirés et arborant des slogans et des graphismes anti-establishment et leurs pantalons de bondage noirs à bretelles inspirés des costumes sadomasochistes partent comme des petits pains. Le magasin devient la mecque de la mode contestataire. Le fait que Ken Russell demande à Vivienne d’être la costumière pour son film Mahler » lui apporte une reconnaissance de styliste et la fait apprécier par un plus large public.

En 1975 un groupe cherche un nouveau chanteur. Malcolm leur présente John Lydon aka Johnny Rotten qui travaille à la boutique. Un Irlandais, une forte personnalité s’il y en une, qui ne mâche pas ses mots, provocateur, au style vestimentaire qui marquera le mouvement punk. Il est auditionné et embauché. Un nouveau groupe est né : Les Sex Pistols.

Jordan et Vivienne (Google image)

Johnny Rotten est un pure produit de la classe ouvrière si ce n’est du lumpen proletariat. Ses parents sont des émigrés irlandais qui sont venus s’installer dans le nord de Londres dans un quartier habité principalement par des ouvriers jamaïcains et irlandais. Un quartier violent où ils logent dans un deux pièces avec toilettes à l’extérieur. John Lydon naît en 1956. Il est l’aîné de quatre garçons. Très vite, c’est lui qui aura la responsabilité de ces trois jeunes frères, sa mère étant gravement malade. Il se décrit comme un enfant timide, introverti qui déteste l’école où il est régulièrement frappé à coups de baguettes à la mode anglaise de l’époque. Il passe ses vacances d’été chez ses grand- parents maternels dans County Cork en Irlande.

Malcolm est le manager des Sex Pistols. Il a une vision précise de la direction qu’il veut imprimer au groupe : il veut en faire l’expression d’un mouvement de jeunes « hard and tough » ( durs et tenaces ), un mouvement qui incarne l’esprit radical soixant-huitard, le situationnisme, l’anti establishment, la provocation et une bonne pointe de Dadaïsme.

Le 6 novembre 1975 les Sex Pistols se produisent au Saint Martin School of Art. Un public restreint mais enthousiaste commence à les suivre. Ils enchaînent avec de nombreux concerts hors circuit, dans des venues locaux. Rotten interpellant régulièrement l’assistance au cours de ces concerts, de temps en temps lâchant : « Bet you don’t hate us as much as we hate you!” (Je parie que vous ne nous détestez pas autant que nous vous détestons ! »). Rotten a une gestuelle, des expressions faciales et une énergie qui lui sont propre. Des concerts qui se terminent souvent en bagarres à la mode anglaise. Une dynamique se crée faisant des Sex Pistols le porte flambeau de ce mouvement contestataire d’une jeunesse qui ne voit pas sa vie se fondre dans le train-train quotidien de leurs aînés. Les années cinquante sont loin.

En 1976, Malcolm obtient que les Sex Pistols soient invités au Today Show de Bill Grundy sur la BBC à une heure de grande écoute. Tout le groupe est là, plus quatre groupies du Bromley Contingent, en tout ils sont huit. Bill Grundy n’est pas trop au fait de ce qu’est le punk – rock et de ce qui l’attend. Suivent des échanges entre Bill Grundy et les Sex Pistols, et d’entrée la communication est déphasée et dégentée. Bill Grundy ne maîtrise plus rien. A un moment un groupy l’interpelle « I always wanted to know you ( J’ai toujours voulu vous rencontrer)». Grundy dépassé lui répond « Après le show ! ». Les Sex Pistols sautent sur l’occasion et le traitent de pervers et de tous les noms. Contrairement aux Sex Pistols, toute la notoriété de Bill Grundy se résumera à cette soirée avec les Sex Pistols. L’Angleterre découvre le punk – rock et n’en croit pas ses yeux ni ses oreilles, elle est sidérée, offusquée au plus haut point. Mais pour la jeunesse à l’esprit rebelle c’est un coup de maître, les Sex Pïstols deviennent leur groupe.

Johnny Rotten et Sid Vicious (Google image)

Suite à leur invitation au Today Show leur musique est censurée sur les plus grandes chaînes dont la BBC. EMI, puis A&M, leurs maisons de production successives, les lâchent. C’est alors que Richard Branson saute sur l’occasion et Virgin les signe. Leur premier single Anarchy in the UK est un morceau d’anthologie de l’histoire du rock. Quant à God Save the Queen, leur deuxième single, c’est plus qu’un morceau d’anthologie, question intensité, énergie dégagée, rythme, enchaînement verbal, c’est le top.

1977, c’est non seulement le jubilée d’argent de la reine Elizabeth mais c’est également son anniversaire, c’est dire. Pour les Anglais, ça se prépare depuis des mois et des mois si ce ne sont des années, et ça depuis l’Angleterre jusqu’au Canada en passant par l’Australie. Coïncidence ou pas, le single des Sex Pistols God Save the Queen sort le 27 mai 1977, avec des paroles comme : « God save the queen The fascist regime They made you a moron A potential H bomb … ».

Le 7 juin 1977, année du jubilée, mois du jubilée et jour du jubilée, l’idée est de faire jouer les Sex Pistol sur une péniche en face du palais de Westminster, rien que ça ! Richard Branson et Virgin contribuent à la location de la péniche, la bien nommée « Queen Elizabeth ». Une party sur la péniche est organisée pour ce jour. Y sont invités des journalistes, des évrivans, des artistes, des cinéastes, des acteurs, tout ce beau monde accompagné des Sex Pistols. La péniche monte et descend la Tamise pendant plusieurs heures entre Westminster, le Tower Bridge et Charing Cross Pier. Les invités boivent et dansent, les membres du groupe boivent et sont interviewés.

Les Sex Pistols accompagnés par 4 membres du Bromley Contingent au Today Show de Bill Grundy (Google image)

C’est quand le soleil se couche que les Sex Pistols montent sur scène et commencent à jouer Anarchy in the UK devant le parlement. Ils enchaînent avec God Save the Queen, No Feelings et Pretty Vacant, alors que la police alertée encercle l’embarcation. Il fait nuit lorsque la police aborde, coupe la sono et ordonne au capitaine de retourner au Pier. Alors que les passagers sont controlés, ni vus ni connus, les musiciens prennent la tangente. Malcolm confronte la police et les traite de « Fucking Fascists Bastards ». La police réagit, l’arrête, le violente et le place sans ménagement dans un fourgon de police. Vivienne, Richard Branson, sa femme et d’autres sont débarqués et arrêtés. Malcolm a obtenu ce qu’il voulait, il a réussi son coup.

Un procès est intenté pour « Sédition », c’est à dire un soulèvement concerté et préparé contre l’autorité de l’Etat , rien que ça ! Ils risquent l’emprisonnent à vie si ce n’est la peine de mort. Le ridicule ne fait pas peur ! La menace ne tient pas, par contre la boutique change encore une fois de nom et devient Seditionaries. Malgré la complète censure sur la BBC, sur plusieurs autres chaînes et le refus de vendre le single par plusieus chaînes de magasins comme Boots,W.H. Smith et Woolworth, God Save the Queen atteind une seconde place des singles en UK, une seconde place contestée et probablement truquée pour qu’ils n’aient pas la première.

God Save the Queen est reconnu comme le morceau le plus censuré de toute l’histoire de la musique britannique. Pas une mince distinction.

Au moi d’octobre 1977, les Sex Pitols sortent leur premier album Never Mind the Bollocks, Here’s the Sex Pistols, qui devient n° 1 dans les charts. Ca sera leur unique album

En décembre 1977 après quelques concerts aux Pays Bas, Malcolm organise une tournée au titre évocateur : Never Mind the Bans. Et en effet, quatre des huit dates prévues sont annulées dues à des pressions politiques. Par contre le 25 décembre, jour de Noël, les Sex Pistols organisent deux concerts à l’Ivanohe à Huddersfiels. Un en matinée gratuit pour les enfants des pompiers en grève depuis neuf mois et un second concert en soirée payant et tout et tout !

Le 7 juin 1977 jour du Silver Jubilée, les “Bobbies” débarquant et arrêtant les passagers du Queen Mary (Google image)

Imaginez Les Sex Pistols jouant Anarchy in the UK ou God Save the Queen à des enfants. Imaginez, tous les enfants auront des cadeaux provenant des stocks de la boutique de Vivienne et Malcolm et repartiront avec des T-Shirts ventant l’anarchie. Imaginez des enfant de trois, quatre, dix ans, dansant sur la musique live des Sex Pistols. A la fin du concert il y a de la nourriture cuisinée

pour tous les enfants offert par les Sex Pistols : la traditionnelle viande anglaise du réveillon, des légumes, des fruits, un gateau bien british à étages et plein de crème.

Tout au long de l’après midi, les musiciens se mélent aux enfants. On pouvait s’attendre au pire. Eh bien pas du tout. L’ambiance fut étonnante et détonante, les musiciens, Johnny Rotten, Sid Vicious, Steve Jones, John Matlock redécouvrent leur enfance. Quant au concert du soir, aussi étonnant que cela puisse paraître ce sera leur dernier concert en Grande Bretagne. L’orchestre se sépare.

Les Sex Pistols offrant un concert aux enfants des pompiers de Huddersfield (Google image)

C’est la fin de la période punk – rock de Vivienne. Elle collaborera encore jusqu’au début des année 1980 avec Malcolm. Aujourd’hui elle sait comment une fille de la classe populaire peut gagner sa vie dans le milieu de l’art ». Question punk elle a compris comme elle l’a dit « comment créer ces héros de la rue tout en attaquant l’establishment en observant toutes les icônes de la rebellion au fil des ans et en les assemblant de manière originale ». Les compétences en design de Westwood et le talent de McLaren pour la manipulation des médias auront marqué les années 1970. Mais l’histoire continue, comme toujours !

Vivienne et Malcolm en 1977

 

Issanaa Un an de plus


Un an de plus: quarante ans bien sonnés!
Mais toujours la grâce de voir le soleil se lever
D’accomplir sa mission, de lui donner vie☀️

Il se dit que la femme après la trentaine c’est fini pour elle.
Et puis quoi encore!
En y croyant on récupère l’homme que l’on mérite🌸

Pensez à la reine consort Camélia plus âgée que son roi Charles III
En veut-il une plus jeune, plus fraîche? Non!
La femme belle, l’est à vingt ans comme à quarante, à soixante comme à quatre-vingt❤️

La jeunesse, la fraîcheur c’est dans le quotidien, dans l’instant
La sensibilité, l’ancrage, la sagesse c’est dans le temps
A nous femme, de savoir cultiver l’un comme l’autre, en dehors du temps et de l’espace!⭐️

Des Seins aux Fesses

Prenez un magasine, vous savez, du genre Life, Vogue, Paris Match, Elle, des années 1950 et regardez la première photo de la star du jour, elle aura été prise de face donnant toute leur importance aux seins de la dame. Reprenez ces mêmes magazines un demi siècle plus tard et regardez les photos du début du XXI° siècle, contrairement à la photo des années 50, la photo de la star du jour aura été prise de trois-quarts, donnant toute son importance aux courbes de la dame, notamment à celles de ses fesses.

Croyez-moi, pour en arriver là fut un long chemin ! Donner quelque importance que ce soit aux fesses de madame, quitter la présence obnubilante de ses seins ne fut pas tâche facile.

Il y avait un lourd passé connu sous les noms d’esclage et de colonialisme.

Contrairement aux populations caucasiennes où la silhouette longiligne prédomine, chez les populations africaines et afro-descendantes ce sont plutôt les silhouettes courbes qui prédominent sans pour autant être générales. Pensez au Peuls, aux Massaï par exemple. Toujours est-il qu’avec l’esclavage, le colonialisme et le racisme qui les soutend, les courbes généreuses et notamment un fessier important furent un des critères définissant la race noire, un des signes de son infériorité. Il fallait bien justifier l’esclavage. Ce que fit le pape Nicolas V puis ses successeurs, Callixtus III puis Sixtus IV.

A ce point de mon histoire de seins et de fesses j’aimerais vous parler de Sarah Baartman. Son nom ne vous dit rien, mais si je vous dis « La Vénus Hottentote », ça vous dit peut-être quelque chose ! Toujours est-il que j’aimerais vous parler de Sarah Baartman. Pour moi, son histoire est des plus exemplaires et symptomatiques et illustre au mieux les dérives qu’entraînent inéluctablement la violence, l’oppression et l’esclavage, et tout ça à travers une histoire de fesses.

Sarah Baartman naît en 1789 en Afrique du Sud dans la Province de l’Eastern Cape. Dès sa petite enfance, avec ses six frères et sœurs, elle est placée en esclavage dans un ranch. C’est là qu’elle devient Sarah Baartman du nom de son premier propriétaire. En 1810, un ami du propriétaire du ranch, le docteur Dunlop, chirurgien au Fort des Esclaves du Cape, voyant les fesses de Sarah Baartman se dit qu’il y a de l’argent à faire en exhibant son corps à la curiosité des Londoniens. Il convainc le propriétaire de Sarah Baartman de s’associer à lui dans cette entreprise. A cette époque Sarah Baartman a 21 ans, elle a déjà accouché de deux enfants tous deux morts durant leur tendre enfance.

En 1810, elle est emmenée à Londres en compagnie de son propriétaire, du docteur Dunlop et de deux jeunes esclaves, boys à tout faire. L’entreprise est florissante et les deux hommes avec leur animal de foire et leurs deux esclaves habitent Duke Street, St James, à l’époque la rue la plus chique et la plus chère de Londres. C’est à ce moment, à Londres, que Sarah Baartman devient connue sous le nom de « La Vénus Hottentote ». Elle est présentée comme le lien manquant entre « la bête et l’homme » rien que ça ! Dorénavant, les grosses fesses sont associées à la femme noire, une des caractéristiques prouvant l’infériorité de la race noire par rapport à la race blanche, la preuve que la race noire est bien une espèce intermédiaire entre Homo sapiens et les autres Homoninés.

Quatre ans après son arrivée à Londres, et après avoir enrichi le docteur Dunlop et son propriétaire, en 1814, Sarah Baartman est vendue à un certain Jean Riaux, un Français dompteur d’animaux, qui l’emmène en France et la montre dans les foires. Elle est littéralement traitée comme un animal de foire et décède un an plus tard, en 1815. Elle a 25 ans.

Mais ce n’est pas pour autant que l’histoire exemplaire de Sarah Baartman s’arrête là, loin de là ! Figurez-vous que durant son court séjour parisien un de nos grands savants, toujours aussi illustre aujourd’hui qu’hier, je veux parler de Georges Cuvier, a connu Sarah Baartman. C’est justement suite aux observations, entre autres, sur Sarah Baartman que Georges Cuvier écrit :

«  La race nègre est confinée au midi de l’Atlas, son teint est noir, ses cheveux crépus, son crâne comprimé et son nez écrasé; son museau saillant et ses grosses lèvres la rapprochent manifestement des singes: les peuplades qui la composent sont toujours restées barbares »

Et c’est au nom de la science que Georges Cuvier aura le pouvoir, après sa mort, de s’approprier le corps de Sarah Baartman. Encore une fois elle changeait de propriétaire. Ce corps que Georges Cuvier avait déjà examiné et mesuré, toujours au nom de la science sous toutes ses coutures du temps de son vivant, il va maintenant pouvoir légalement le dépecer. Au nom de cette « science » dont les conclusions nous sont résumées avec toute leur précision et clarté dans la citation ci-dessus provenant de l’ouvrage de Georges Cuvier intitulé Le Règne Animal datant de 1817.

Le travail sera fait. Georges Cuvier dépècera scientifiquement et minutieusement le corps de Sarah Baartman. Il en gardera et préservera trois parties, à savoir : la cervelle, les organes génitaux et le squelette. Suite à ce dépeçage scientifique Georges Cuvier fait une conférence devant l’Académie Nationale de Médecine de Paris intitulée : « Observations sur le cadavre d’une femme connue à Paris sous le nom de Vénus Hottentote ».

Ces trois organes de Sarah Baartman : la cervelle, les organes génitaux et le squelette seront conservés au Muséum d’Histoire Naturelle de 1817 à 1878, année où le squelette de Sarah Baartman est transféré au tout nouveau Musée d’Ethnographie du Trocadéro. En 1937 le squelette atterrit au Musée de l’Homme de ce même Trocadéro. Mais l’histoire ne se termine pas là pour autant.

En 1994, pour la première fois en Afrique du Sud, les noirs, qui représentent plus de 80% de la population, ont le droit de vote. C’est la République d’Afrique du Sud de Nelson Mandela. Sarah Baartman devient une cause nationale et l’Afrique du Sud veut que ses restes retrouvent leur terre d’origine et qu’il leur soit rendus les honneurs qui lui ont été niés mais qui leur sont dus. En 1994, Nelson Mandela est élu président. Il demande officiellement au nom de la République d’Afrique du Sud à la France de lui restituer les restes de Sarah Baartman. La France met huit ans à accéder à la demande et en 2002 les restes de Sarah Baartman sont rapatriés dans sa vallée natale du Gamtoos.

Pourquoi ai-je voulu partager ce que j’ai appris sur Sarah Baartman ? Parce que je trouve que sa courte vie illustre encore une fois que la réalité peut dépasser la fiction. Imaginez ce qu’a vécu cette personne durant ses 25 années d’existence, cette femme issue d’une culture où la présence des ancêtres est quotidienne et où on leur doit respect ; cette femme dont le corps, de son vivant comme après son décès, a subi les pires outrages !

D’un autre côté, je me devais de la partager cette histoire de Sarah Baartman parce qu’elle est un maillon essentiel de ce qui relie justement les seins aux fesses, et c’est bien de ça dont nous parlons aujourd’hui. La façon dont l’Occident a conçu, imaginé et vécu son rapport aux fesses, les fesses féminines s’entend, a été profondément influencé par l’esclavage, le colonialisme et Sarah Baartman.

Rappelez vous du docteur Dunlop, le chirurgien du Fort des Esclaves d u Cape. En plus de sa position officielle de fonctionnaire de sa Gracieuse Majesté, au moment où il rencontre Sarah Baartman pour le première fois, il a une position officieuse plus lucrative que sa position officielle de fonctionnaire : il est négociant en animaux exotiques. Il les expédie principalement sur l’Angleterre mais aussi dans d’autres pays d’Europe. En plus, Dunlop connaît les fesses des Africaines, il en voit par centaines quand il fait son inspection au Fort des Esclaves au Cape. Mais celles de Sarah Baartman c’est autre chose ! Il est un connaisseur et il connaît le marché.

Pour Dunlop c’est clair : Sarah Baartman est une mine d’or ! Imaginez-vous, non seulement il est prêt à démissionner de sa position administrative et à partir pour l’Angleterre mais il réussit également à débaucher Hendrik Cesars, le nouveau propriétaire de Sarah Baartman, et le convainc de partir avec lui. En 1810, les deux hommes et leur cargaison embarquent pour Londres.

Dunlop savait que les grosses fesses en Angleterre étaient à la fois objets de répulsion et d’attraction. N’est ce pas là le propre de ce qu’est justement tout objet de foire ? Le docteur Dunlop c’était son métier, approvisionner l’Angleterre en animaux de foire. Jusque là il était dans : lions, girafes, rhinocéros, pythons et autres boas, singes de toutes sortes, vous voyez le genre ! Fascination et répulsion assurées au rendez-vous ! Mais là, avec Sarah Baartman il passait à un échelon supérieur. Elle était un objet de foire, oui mais à un autre niveau. Ce n’est pas sous les chapiteaux de foire qu’allait être exhibée Sarah Baartman mais à Duke Street, à St James, dans les salons, les salons les plus huppés de la noblesse britannique en exercice. Le docteur Dunlop et Cesars quittent l’Afrique du Sud pour faire fortune.

Un lion c’est pas mal, un tigre pourquoi pas ! Mais dans un salon de la puissante et riche noblesse Anglaise, Sarah Baartman et ses fesses c’est autre chose.

D’un côté, Sarah Baartman était noire et esclave et tout ce par quoi elle était caractérisée, tout particulièrement la proéminence de son fessier, était la preuve vivante qu’elle était un spécimen de ce maillon manquant entre l’animal et l’humain. Pour rien au monde en 1810 une londonienne bon chic bon genre n’aurait voulu ressembler à Sarah Baartman et encore moins à ses fesses. Il y a donc cette répulsion énorme face aux fesses de Sarah Baartman.

Mais d’un autre côté, les élégants et distingués messieurs de la noblesse londonienne ne restent pas insensibles et indifférents à la charge érotique du proéminent fessier de Sarah Baartman. Quel est le noble blanc londonien qui, quelque part, n’a pas envié son cousin propriétaire de plantations sucrières en Jamaïque qui peut copuler quand bon lui semble avec l’esclave de son choix ? Et ceci d’autant plus quand on se rappelle que si, suite à cette copulation il y a eu fécondation, c’est tout bénéfice pour le gentleman. Il était le légitime propriétaire du produit de cette copulation. Y-a-t-il plus enivrante et aguichante alliance entre business et plaisir ?

C’est pourquoi, pour la noblesse londonienne de 1810, voir Sarah Baartman live dans un salon tout ce qu’il y a de plus bien pensant, amène un tel sentiment de répulsion mais aussi, tout aussi puissant, un sentiment d’attraction. Écartelé entre ces deux extrêmes, il arrivait que le spectateur en perdre le nord, état de grande jouissance.

Bientôt, dans la haute société londonienne il n’y en avait plus que pour les fesses de « La Vénus Hottentote », comme était maintenant nommée Sarah Baartman. L’avoir vue et examinée était de bon temps. Au point qu’il n’y avait pas que la noblesse dans ces salons. Les artistes accoururent et lui firent le portrait sous toutes les couleurs. C’était le visuel de l’époque, pas de photographie et encore moins d’écran, mais des tableaux, lithographies, caricatures …. En même temps que les artistes, les savants l’approchèrent, l’examinèrent, la mesurèrent. Du coup à Londres, en Angleterre et plus, peu nombreux furent ceux qui ne virent, ne regardèrent, ni n’examinèrent le portrait de Sarah Baartman. Chacun à son échelle vivait sa tension entre répulsion et attraction. Et aujourd’hui, cette tension est toujours présente. Les fesses faisaient le buzz et depuis elles n’ont jamais cessé de le faire ! Et s’il y a une personne qui a marqué et continue de marquer cette histoire de fesses, c’est bien Sarah Baartman.

Aujourd’hui cette histoire de fesses se joue encore et toujours, et comme par le passé, entre Africains d’ici et d’ailleurs et Caucasiens d’ici et d’ailleurs. Jusqu’aux années 2010, avoir des formes et des fesses, dans la culture française mainstreams et dominante à fort enracinement bourgeois, non seulement n’était pas valorisé mais était tout simplement vulgaire. Et pour une bonne part des Français, encore aujourd’hui, avoir des formes reste vulgaire. Comme nous l’avons vu, cette vulgarité, elle vient de loin. Elle est directement reliée à l’histoire de l’esclavage et de la colonisation.

Mais en y regardant de plus près, aujourd’hui, en 2022, il semblerait que les fesses soient en train de prendre leur revanche.

Bien sûr il y a encore le risque d’allumer la télé et de tomber sur un défilé de mode où toutes les filles font du 36, loin de ce qui me ressemble.

Mais d’un autre côté, il y a qu’en chirurgie esthétique, à Paris, en ce moment, ce que veulent le plus ces dames, c’est un accroissement du volume de leurs fesses. Est-ce que les caucasiennes s’y mettraient aux fesses ? Ça m’en a tout l’air !

Aujourd’hui, pour nombre de personnes, les grosses fesses sont symbole de fertilité, de beauté, d’érotisme. Les plus grands shows de ces dernières années au niveau mondial ont pour têtes d’affiches les Shakira, Beyoncé, Rihanna, Jennifer, Britney et la suite, autant de femmes qui ont des formes et les montrent fièrement et qui proclament haut et fort « Shake that thing Babe » !

A tel point qu’il y a des femmes aujourd’hui qui se prennent en main et imposent leurs fesses proéminentes. Elles assument leurs fesses, et non seulement elles les assument mais elles les bougent ces fesses, elles les bougent pour libérer leurs traumatismes et laisser la place à leur créativité. C’est en rien une affaire d’ego, c’est « Je montre mes fesses ! Point barre » !

Ces femmes nous disent que nos fesses font partie de notre corps, qu’elles ne sont pas là pour plaire ou déplaire aux autres, qu’on ne doit pas avoir honte de ce que l’on est, on n’a pas à se juger par rapport aux idéaux des autres, on a pas à se justifier. Des femmes qui nous disent qu’avant d’être soumises au regard extérieur, nos fesses sont la source de sensations et de joies qui nous appartiennent. Elles nous montrent que notre corps est à la source de notre bien-être, qu’il est de notre responsabilité de l’habiter et avec lui d’affirmer notre puissance.

Récemment j’entendais la patronne parisienne d’une agence de mannequins dire :

« J’ai une modèle qui vient de terminer ses études de chirurgie, en neurochirurgie s’il-vous-plaît. Le vendredi elle est au bloc, le samedi elle twerk pour un cli

 

« J’ai une modèle qui vient de terminer ses études de chirurgie, en neurochirurgie s’il-vous-plaît. Le vendredi elle est au bloc, le samedi elle twerk pour un clip rap de femmes. Ce sont des business women indépendantes qui travaillent. Des femmes sexy, rien à voir avec le sexe. Un fessier c’est pas forcément un objet sexuel, pas plus que les jambes de Cyd Charisse dans Singing in the rain. Ce sont des artistes qui expriment la beauté à travers leur corps, à travers la danse, au même titre que Cyd Charisse!  Aujourd’hui les fesses rondes et pleines, c’est le critère de beauté par excellence. C’est pour dire que les corps des femmes et les modèles qui s’imposent évoluent selon les époques. »

Et c’est là où je me pose la question de savoir si cette libération des fesses ne serait pas en train de devenir le nouvel avatar du sexisme et du patriarcat ? N’est-ce qu’une nouvelle mode, une énième édition sur la manière de mettre la pression aux femmes ? L’acceptation des fesses va-t-elle engendrer dans son sillage une anxiété permanente comme il en a existées depuis, … se manifestant chaque fois que l’on fait quelque chose, que l’on prend la parole en publique, qu’on est simplement en train d’exercer son métier, qu’on fait quelque chose de complètement banale de la vie de tous les jours ? Est-ce simplement le remplacement des seins par les fesses dans une même domination patriarcale ?

Ça en deviendrait désespérant !

Mentoring et énergie d’échange

Ce n’était pas la première fois et ce ne fut pas la dernière, loin de là, mais celle-là je m’en rappelle comme si c’était hier.

 Ça devait être en 2012, j’avais terminé une prestation Beauté sur une cliente dans mon salon. Nous parlions, quand elle me dit:”Tu devrais te faire payer”. Je lui réponds:  “Mais de quoi parles-tu? Tu viens de me payer”. “Mais non! Je ne parle pas de ça. Tu sais bien!”. “Non je ne sais pas!” “Eh bien! Quand tu me parles comme ça, comme tu le faisais tout à l’heure, tu me donnes beaucoup! Chaque fois que je viens chez toi pour une prestation Beauté, je repars différente qu’à ma venue. Quelque part il y a transformation. C’est toi qui fais ça. C’est ce que tu donnes. Et tu sais, il faut savoir respecter l’énergie d’échange. Ne pas la respecter ce n ‘est pas bon pour toi qui donne”. “Oui! Je t’ai entendue”.

J’ai donc décidé de mettre en place un Coaching «  Mentoring ». Pour tout savoir, cliquez sur ce lien

 Et ma foi, depuis ça n’a fait qu’augmenter ! Prenons les dernières femmes qui ont suivi mon Programme Renaître. C’est pas pour dire mais il y en a une que j’ai fait rentrer au bercail alors qu’elle était dans sa voiture depuis plusieurs jours dans une forêt pyrénéenne en plein hiver. Une autre qui ne savait plus quoi faire des crottes humaines qu’elle retrouvait chaque matin devant sa porte, et d’autres avec des histoires que l’on pourrait imaginer bien loin du Conseil et Coaching en Image.

 Ça me fait penser à une histoire juive racontée par un ami, lui-même juif quelque part: Ca se passe en Pologne au XVIII° siècle dans une communauté juive. Le rabbin de la communauté n’a plus le temps de vivre, les membres de sa communauté viennent à tout bout de champ et à tout propos lui demander conseil : dois-je acheter ce terrain ou pas ? marier ma fille avec untel ou pas, acheter cette paire de chaussures ou pas. Le rabbin passe sa journée entière à répondre à des questions qui pour la plupart du temps ne devraient pas le concerner.

Pour mettre fin à cette situation et limiter le nombre de questions qu’on pourra lui poser il décide de faire payer ses réponses. Un beau jour sur sa porte il accroche un panneau sur lequel on peut lire :

 Réponse à deux questions = 1 zloty

 La communauté juive s’en émeut et se réunit pour décider commun faire face à cette nouvelle situation. Tous reconnaissent que le prix de 1 zloty pour la réponse à deux questions est vraiment excessif. Ils décident donc d’envoyer un représentant pour demander au rabbin de réduire considérablement le prix de ses réponses. Ils choisissent qui les représentera.

 Le représentant arrive donc chez le rabbin et commence par dire au rabbin :

« Vous ne trouvez pas que 1 zloty pour la réponse à deux questions est vraiment un prix excessif ? »

La réponse du rabbin ne se fait pas attendre :

« En effet, je suis bien d’accord avec vous, 1 zloty pour la réponse à deux questions ce n’est pas donné ! Quelle est votre deuxième question ? »

 Ce n’est pas là où je me place mais n’empêche que ça me fait plaisir de vous partager cette histoire que j’aime, typique de l’humour juif. Je pense que pour moi comme pour chacune d’entre-vous il est bon que nous respections la loi fondamentale de l’équilibre de l’énergie d’échange. Comme vous le savez, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! ».

Je veux continuer à être source de transformation. J’aimerais que ces échanges auxquels je tiens aient lieu dans le cadre que j’appellerai « du mentoring ». Si l’on consulte Wikipédia, le mentoring est défini comme une relation entre deux personnes qui a pour but le développement aussi bien professionnel que personnel. Et c’est  de ça qu’il s’agit !

Pour tout savoir sur mon « Coaching Mentoring », cliquez sur ce lien

 

PIFL

Votre Image est communication, l’utiliez-vous à votre service?

 
 
Je veux remercier le PIFL de m’avoir donné l’opportunité de faire ce pitch au Lockhouselondon à Paddington sur mon activité de Consultante en Image. Une activité qui est ma vie et ma joie et que j’aime présenter et partager.
 
Si vous êtes une institution, un réseau ou tout autre groupe :
 
  • que ce soit en présentiel, comme c’était le cas à Paddington pour le PIFL, ou en ligne, 
  • que ce soit en Français ou en Anglais, 
  • que ce soit à Londres où je réside, Paris, New-York ou Abidjan,
 
sachez que je me ferai un plaisir de vous parler de mon approche du Conseil en Image afin d’utiliser votre image en votre faveur pour :
 
  • développer votre personal branding, 
  • exprimer avec élégance et style le meilleur de vous-même, 
  • gagner la confiance de vos collaborateurs et partenaires.
 
 
Autant de bénéfices pour la bonne marche de votre entreprise

Soirée Networking Entrepreneurs

Vous êtes entrepreneur francophone à Londres. Faire du business, que ça soit à Londres ou ailleurs, c’est réseauter. Alors pourquoi ne pas venir à la soirée mensuelle networking des Professionnels Indépendants Francophones de Londres Professionnels Indépendants Francophones de Londres
Bonne occasion de me rejoindre ce 20 avril au Lockhouse Paddington, 3 Merchant Square, London W2 1JZ, UK, de 18:30h à 22:00h.
Vous y rencontrerez bon nombre de francophones dynamiques dans votre situation et ayant le désir et la volonté d’échanger et de partager.
Ce sera aussi pour vous l’opportunité d’assister à mon Pitch où vous saurez tout sur comment, à travers votre image, développer votre personal branding pour exprimer le meilleur de vous-même en toute circonstance et booster avec élégance et savoir être votre vie personnelle aussi bien que professionnelle.
Il reste encore des places, je vous donne le lien pour vous inscrire.
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Attention! Le maquillage c’est de la couleur, la couleur, c’est pas rien, c’est de énergie!

 
Le maquillage, ce que j’aime mieux appeler la mise en beauté, à la base c’est de la couleur. De la couleur que l’on applique le plus souvent sur son visage. Rien que ça! Sur notre visage ! Rappelez-vous vos cours de physique ! La couleur c’est de l’énergie. Se faire une mise en beauté, aussi minime soit-elle, c’est manipuler de l’énergie. Manipuler de l’énergie, ce n’est pas une mince affaire. Ça peut avoir de multiples conséquences, notamment question énergie. Autant mettre toutes les chances de son côté. Issanaa, Coach en énergie de l’image s’assurera, que vos mises en beauté soient exclusivement source d’énergies bénéfiques et qu’elles contribuent pleinement à votre rayonnement !
En effet, comment réaliser votre Mise en Beauté si vous ne connaissez pas vos couleurs.
C’est pourquoi j’ai choisi que votre Mise en Beauté fasse partie intégrante de ma consultation « Your Best Colours »
Cette consultation a lieu en ligne par Zoom ou en présentiel à Londres Chiswick Thurnam Green.
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Vous êtes-vous demandé s’il correspondait bien à votre « Style » ?

 Votre style c’est votre personnalité vestimentaire. Votre style est directement lié à votre personnalité, à qui vous êtes au fond de vous. Mettre votre style vestimentaire en accord avec qui vous êtes profondément, c’est vous donner de la force, c’est vous donner de la cohérence, c’est être ancré. Que ce soit dans le cadre de votre travail, de vos loisirs, de votre vie sentimentale, familiale, être dans votre style c’est donner de l’authenticité, de l’aisance, de la sincérité, de l’élégance à vos relations. Et que ce soit dans votre travail, dans vos loisirs, dans votre vie sentimentale, familiale voilà qui va faire la différence, soyez-en certain !

D’où l’importance de connaître son style et de savoir acheter des vêtements, accessoires et tout le reste, qui correspondent à votre style.

Vous êtes curieux, voulez en savoir un peu plus : prenez une consultation avec Issanaa Coach, en Energie de l’Image.

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Se maquiller ! Oh ! Non ! Ce n’est pas dans mes traditions!

Pour vous répondre, je dirais

« Je ne sais pas de quelle tradition vous vous réclamez, mais autant que je sache, le maquillage est une constante de toutes les sociétés tout au long de l’histoire de l’humanité, rien que ça !

Ce que je peux également vous dire c’est qu’au cours des siècles et depuis des millénaires les sociétés ont utilisé un ensemble impressionnant de techniques pour décorer, embellir, marquer leurs visages aussi bien que leurs corps.

Depuis la scarification jusqu’au fond de teint, depuis le tatouage jusqu’au rouge à lèvre, qui n’est pas toujours rouge loin s’en faut, tout a servi à fêter et rehausser la beauté et la sacralité de l’humain.

Comme vous, je suis une héritière de cette longue tradition. Mais contrairement à moi qui ai été choisie comme l’héritière d’une longue lignée ininterompue, dans votre lignée, à un moment ou l’autre, il y a eu rupture, il n’y a pas eu transmission, et aujourd’hui vous vous sentez quelque peu démunie et limitée question mise en beauté.

Alors avec Issanaa prenez rendez-vous et retrouvez ce lien manquant pour faire savoir au monde qui vous êtes !